Elle est née le 1er août 1918 à Evry (Essonne). Issue d’un milieu modeste (son père est magasinier, sa mère couturière à domicile), elle est la seconde enfant de ce couple dont la mère meurt alors qu’elle n’a que 12 ans. Elle sera élevée par un oncle et une tante dont la famille vit à Lille.
A 14 ans une fois obtenu son CEP (Certificat d’Etudes Primaires), elle souhaite devenir modiste mais le milieu de la mode a la réputation d’être plutôt « déluré » : il lui faut vaincre les réticences de sa famille. C’est un métier qu’elle aime mais pour l’apprendre et gravir les échelons, apprentie, demi-ouvrière, 1ère apprêteuse et enfin apprêteuse hautement qualifiée, elle doit changer plusieurs fois de maison.
A 25 ans, comme c’était la tradition à l’époque, la 1ère de l’atelier lui confectionne un bonnet et tout le monde sort en ville faire la fête.
1936 : Renée est en grève mais son engagement syndical ne dure que le temps du Front Populaire. Dans la mode, il n’y avait pas de déléguée. Elle s’engage d’abord à la JOC puis à la CFTC. Elle adhère à un syndicat féminin (les hommes se réunissaient d’un côté, les femmes de l’autre) …mais bientôt les évènements amènent les réunions communes et le début de la mixité.
Après la guerre, elle se retrouve au chômage et en juin 1948 elle est embauchée comme secrétaire par l’Union Locale (UL) de Lille. Elle devient permanente chargée du suivi de syndicats majoritairement féminins (habillement, hospitalier). Elle entre au conseil de l’Union Départementale (UD) en 1952 et jusqu’en 1962 exerce des responsabilités à l’UL et à l’UD.
En 1962 elle s’installe à Paris pour être au plus près de la fédération de l’Habillement ainsi que de la confédération où desmandats lui sont confiés. Durant ces années parisiennes, elle gère deux évolutions importantes : le passage de la CFTC à la CFDT et le regroupement de trois organisations CFDT (Vêtements, Textile, Cuirs et Peaux) en une seule Fédération : Hacuitex.
Mais ce parcours est à cette époque une exception. Renée Lambert est une des rares femmes à accéder à des responsabilités dans un monde d’hommes. Aussi s’est-elle engagée à défendre la promotion féminine au sein de la commission féminine confédérale de la CFTC-CFDT. Avec quelques autres militantes, elle fait évoluer cette commission jusqu’alors orientée vers la famille vers une réflexion de fond sur les problèmes féminins et déboucher sur une stratégie syndicale pour les femmes.
Après mai 68, Renée revient à Lille et devient mécanicienne en confection chez Maniglier. Elle n’a rien oublié de ses engagements syndicaux et de ses convictions : elle continue à militer au sein de son entreprise, apporte son soutien aux ouvrières de la chemiserie Desombre qui occupent leur usine plusieurs mois pour défendre leur emploi.
En 1979 Renée Lambert devient membre du Conseil Economique et Social National où elle siège jusqu’en 1984. Retraitée, elle adhère au syndicat CFDT des retraités de la région lilloise.
Adhérente de l’association pour le droit de mourir dans la dignité, elle propose au congrès de 1999 une résolution allant dans ce sens, projet qui ne fut pas retenu car il incluait le recours éventuel à l’euthanasie.
En 2002, elle s’installe dans une maison de retraite à Pérenchies où elle décède en juillet 2008.