Emile MAIRESSE : un étonnant parcours

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Une enfance volée ?

Emile se pose la question. Il est né le 12 mars 1942 à Avesnes-les-Aubert, fief du PCF & de la CGT dès la Libération. C’est un fils d’ouvriers : son père est métallo à Anzin, sa mère travaille dans le textile.
A 7 ans, il voit mourir son père ! Sa mère se retrouve seule avec une fratrie de 3 enfants. Les temps sont durs ! Très durs !! Dans une campagne où les solidarités sont réservées aux titulaires de la carte du PC, il faut se débrouiller tout seul. Emile est l’aîné et se retrouve très vite investi de responsabilités inhabituelles à cet âge.
Il entre en 6e au Lycée Paul Duez de Cambrai, y découvre la JEC (Jeunesse Etudiante Chrétienne) – chez les Mairesse on est chrétien depuis toujours et engagés – puis il décroche son BEPC en 1958 et …. abandonne les études pour travailler. Il faut bien nourrir la famille. Ouvrier dans une entreprise de vins & spiritueux, les “Vins Maillard” (où il lave les bouteilles), il passe à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). Or la CFTC est logée dans les mêmes murs …. et le voilà embarqué !

Une certaine idée du militantisme

Emile Mairesse a 16 ans quand il suit sa première session de formation syndicale à la CFTC. Chez Maillard il reste “un syndicaliste caché”… jusqu’en Mai 68. L’entreprise, comme beaucoup d’autres est en grève, et Emile est vite rejoint par plusieurs salariés qui connaissent son affiliation syndicale. Premier combat. En 1968, Emile est désormais délégué syndical. Il le restera jusqu’en janvier 1984.
Il se retrouve président de l’union CFDT de l’arrondissement de Cambrai… Très vite, il va devoir affronter un conflit important, et qu’il dit “très dur” : celui qui oppose une partie des personnels de la Maison familiale de Cambrai et la direction, soutenue par certains des plus anciens salariés. Les plus jeunes, dans la foulée de Mai 68, veulent créer une section syndicale d’entreprise. Un livre est publié (par François Borelli) -“Syndicalisme interdit”- dénonçant les pratiques de la Direction qui refuse cette création. Emile se retrouve, à 2 reprises en correctionnelle (es-qualité en tant que président de la CFDT locale) et est condamné.

“Il faut un rapport de forces pour aboutir” dit Emile. Et toute sa vie il s’efforcera de construire des rapports de forces.
En juillet 1968, il est convoqué à la direction des “Vins Maillard”. On tente de l’acheter par une promotion : Emile refuse ! Alors viennent les menaces de licenciement, mais les copains sont alertés et la direction préfère reculer (toujours le rapport de forces !). Finalement il sera “mis au placard” …. pour très peu de temps : l’entreprise ne résiste pas à la mort accidentelle de son patron – et à la concurrence – et fait faillite.

Emile reprend des études, passe avec succès ses examens et, après avoir refusé une place proposée par une camarade de formation pour travailler dans l’enseignement, il entre en 1987 chez Syndex comme intervenant en expertise comptable : Emile est d’abord un militant et souhaite rester, avec les nouvelles compétences qui sont désormais les siennes, au service des travailleurs.

Il sera intervenant à Syndex jusqu’à la retraite en 2002 : une période qu’il vit intensément en accompagnant des équipes syndicales du textile notamment,… si intensément qu’il « se sent les épaules un peu étroites par rapport au costume d’intervenant Syndex » et craque.
En 1998, son médecin lui demande de mettre ses compétences juridiques et comptables au service d’une association – qu’il veut créer – d’accompagnement de personnes en soins palliatifs. Et Emile s’embarque dans cette nouvelle aventure et, bien sûr, il ne va pas se contenter de gérer : il met “la main à la pâte” et se lance dans l’accompagnement jusqu’à la mort de l’association en mars 2015. Ce qui ne l’empêche pas de continuer sans l’association et il accompagnera son épouse pendant 3 ans, et continue d’accompagner des personnes seules, isolées et gravement malades.

Au four et au moulin avec la Cfdt

Dès 1968, Emile est donc président de l’Union Locale de Cambrai. Tout en continuant à travailler, il tient le rôle du permanent (le précédent a démissionné suite au conflit de la Maison Familiale) tout en cherchant pendant 18 mois qui pourrait occuper le poste. Ce sera Pierre Blanchard.Vers 1969 Emile Mairesse entre au Conseil de l’Union régionale CFDT et il va y rester longtemps ! Il siège, entre 1980 et 1987 au CESR et représente la CFDT dans les Commissions Economiques et Education.
En 1971 il “monte” à Paris. Il n’y avait pas alors de convention collective des entreprises de Vins & Spiritueux. Emile contacte la Fédé de l’Alimentation et le voilà parti pour plusieurs mois de négociations qui aboutiront à cette convention collective. Et de s’en faire le héraut : Emile entame la tournée des entreprises régionales du secteur pour distribuer des tracts, informer sur la nouvelle convention et inciter à la création de sections syndicales.

Il gravite dans les instances dirigeantes de la Fédération CFDT de l’Alimentation et structure la branche des boissons alcoolisées (sauf celle de la bière), en animant les rencontres annuelles de militants
Il reste actif dans l’Union régionale : comptable de l’AICE pendant 2 ans (sous la direction de Julien Delaby), fondateur, avec d’autres, de l’ASSECO-CFDT, …

Progresser avec la CFDT

Ce qui est remarquable dans le parcours d’Emile Mairesse, c’est le souci constant de se former. Premier stage de formation syndicale à 16 ans ! En 1984, au chômage, Emile s’embarque pour Lille et le CUEEP : 27 mois de formation continue, 85 heures par semaine et, au bout du parcours, un DEUG de gestion avec les honneurs (14,5 de moyenne, 14e / 50) en partant avec un BEPC pour tout bagage !! Et ce sera SYNDEX, les audits d’entreprises, et Emile continue sa formation au sein de sa nouvelle entreprise.
Quand il entame à partir de 1998 l’accompagnement des personnes en fin de vie il passe un DU de soins palliatifs à l’Université Catholique de Lille (un jour par mois, un mémoire, et un stage dans un service de sons palliatifs à Avesnes-sur-Helpe,…).











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