Gilbert RYON, la formation comme passion

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Issu d’une famille ouvrière flamande, établie dans la région lilloise au lendemain de la Grande Guerre, Gilbert Ryon fut premier des sept enfants d’un menuisier et d’une couturière très pratiquants. Le père était à la CFTC et le couple membre de la Ligue ouvrière chrétienne, fondée en 1935. Leur aîné fréquenta l’école Saint-Jean de Fives-Lille avant d’entrer en 1936 à l’EPIL (École professionnelle des industries lilloises), relevant de l’enseignement privé. Titulaire du diplôme correspondant au futur CAP en mécanique de filature depuis 1939, il adhéra vers quatorze ans à la JOC, véritable école de militantisme pour lui. Trésorier fédéral de Lille-Est, il devint responsable de la branche « apprentis » en 1943. Il participait souvent aux « équipes populaires » qui portaient secours aux victimes des bombardements.
Devenu dessinateur industriel grâce aux cours du soir (1939), Gilbert Ryon rejoignit la CFTC en 1944. Salarié de l’usine Léon Crépy à Lambersart (Nord), secrétaire de son comité d’entreprise de 1951 à 1958, il fut ensuite à mi-temps, perdant 25 % de ses revenus, secrétaire général de l’Union régionale textile et de l’Union locale de Lille, jusqu’en 1967, puis secrétaire de l’Union départementale du Nord et de l’Union régionale du Nord Pas-de-Calais, fonction qu’il quitta en 1981. Sur le plan national, membre du bureau de la Fédération des syndicats chrétiens du textile de 1951 à 1967, il en fut aussi président de 1958 à 1960, et trésorier de cette fédération, devenue HA-CUI-TEX (1960-1967).
Gilbert Ryon était l’un des animateurs régionaux du courant « Reconstruction », agissant pour la transformation de la CFTC en centrale déconfessionnalisée. Cette tendance était restée minoritaire dans le Nord et le Pas-de-Calais sous l’influence des secrétariats sociaux et des missionnaires du travail, mais il fut de ceux qui, au congrès de 1964, travaillèrent habilement pour le succès de la majorité, y compris dans la région du Nord, face aux partisans du maintien de la CFTC, surtout présents dans le bassin minier et la zone textile de Roubaix-Tourcoing.

Secrétaire de l’Union départementale CFDT depuis 1967, Gilbert Ryon succéda comme secrétaire général à André Glorieux, élu président en 1969. À la création de l’Union régionale, il en fut un des secrétaires (1970-1981). Ayant appartenu au conseil confédéral de la CFTC de 1956 à 1961, il avait été également vice-président de la caisse d’allocations familiales de Lille (1955-1967). De 1970 à 1981, il dirigea le comité de gestion de la CNAS ou Caisse nationale d’action syndicale, ancienne caisse de grève de la CFTC.
Soucieux de la valeur des militants, responsable de la commission régionale de formation, il avait suivi dans sa jeunesse les cours de l’École normale ouvrière dans le Nord et à Bierville (Centre de formation National de la CFDT), et les stages de deux instituts du travail de Strasbourg  et de Sceaux. Représentant de la CFDT à la Fédération régionale des Maisons des jeunes et de la culture, il devint administrateur du CREFO (Centre de recherches et d’études en formation et organisation) en 1972, puis président, de 1981 à 1987, de cette institution née de la coordination de divers mouvements destinés à la formation permanente en milieu ouvrier : Culture et liberté, Peuple et culture, clubs Léo-Lagrange, Union régionale CFDT.
Marié en 1948 avec Cécile Vercouter, sténodactylo, ancienne présidente fédérale de la JOCF de Lille-Centre, Gilbert Ryon, père de trois enfants, milita avec sa femme dans des mouvements familiaux : MPF, MLP, MLO, et à l’Action catholique ouvrière (ACO). Membre du Comité économique et social régional (1977-1982), il était aussi en 1980 dirigeant de l’Animation intercomités d’entreprise (AICE). En retraite depuis 1983, il était trésorier du Parti socialiste à Lambersart, candidat non élu à plusieurs élections municipales et, bien alerte encore, notamment auprès des retraités CFDT, dont il présida l’Union régionale (1991-1999), et de l’ARHOS (Association régionale pour l’histoire ouvrière et syndicale) quand la maladie le condamna soudain à l’inaction en 2007. Il décède le 20 décembre 2017, à l’âge de 93 ans.

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