Des syndicats féminins très importants dans la région
Ils ont été les premiers constitués : depuis 1909, existent à Lille des syndicats professionnels féminins de l’habillement (721 adhérents) ; en juillet 1920, sur 9 syndicats qui créent l’Union Régionale, 4 sont féminins. Une des figures féminines de l’époque, Léonie Vion, du syndicat des banques, évoque des créations de sections à Dunkerque, Valenciennes, et dans la dentelle Calaisienne. De nouveaux syndicats féminins apparaissent en mars 1927, à Tourcoing et à Roncq pour le textile, avec une progression de + 47% d’adhérentes dans le textile et + 63 % dans l’habillement.
Les militantes de la section Dames-Employées
de St Omer en 1937
Réunion de travail d’un syndicat féminin
de la métropole lilloise
En 1920, une section Dames Employées est créée à Arras, à Boulogne pour les ouvrières du bâtiment et de la pêche, à St Omer pour les dames du Commerce et de l’industrie. 10 ans plus tard, le syndicat des tullistes et de la dentelle de Calais regroupe 400 adhérentes, le textile féminin 80. En 1932, à Arras, sur une union locale forte de 900 syndiqués, 200 sont des femmes. En 1930, on compte autant de participantes femmes qu’hommes à la Session de l’Ecole Normale Ouvrière (30 hommes et 30 femmes).
Une place originale très tôt revendiquée
Dès 1909, les syndicats féminins de la région créent des cours professionnels du jour et du soir pour les femmes. Ceux-ci sont déclarés officiellement à l’Académie en 1923. ils sont transformés en école professionnelle La Ruche déclarée à l’Académie en 1942 par Maria Engster. Cette dernière présente un rapport à une réunion féminine du Congrès sur ” Machines Industrielles” : ” une organisation rationnelle et humaine du travail aux machines s’impose donc pour remédier à une situation d’autant plus déplorable qu’il s’agit de femmes, mères d’aujourd’hui ou de demain” (1936)
Les responsables féminines mettent en valeur les compétences des femmes, leurs interventions pacifiques qui « installent l’activité syndicale à son vrai rôle, celui d’un organe ferme de défense sans doute, mais aussi de paix et de juste collaboration sur le terrain professionnel ».
Après la Libération, à la suite du regroupement des sections masculines et féminines, la mise en place de commissions féminines locales est souhaitée…mais souvent en vain, l’élément masculin prenant en charge l’animation des sections « mixtes» jusqu’à une date relativement récente, notent les historiens.
De la défense de la mère au foyer… à la conciliation vie familiale et professionnelle
Extrait du Journal “La Travailleuse” (Mai 1936)
Réunion de militantes à Lille autour de Renée Lambert
Au plan revendicatif, durant l’entre-deux guerres, le syndicalisme CFTC prône le retour de la mère à la maison. Mais avec des conditions : généraliser les allocations familiales, remettre une allocation spéciale au chef de famille quand la femme reste au foyer ou à défaut chercher à organiser dans l’industrie des postes de demi-temps réservés aux mères… « En Hollande où la famille est en honneur, le salaire familial du père est assez élevé pour permettre à la femme de vaquer aux soins du ménage », explique Louis Blain le secrétaire régional de l’époque !
En 1935, est créée la Commission Féminine Confédérale, dont la première préoccupation est de “mettre à l’étude la question du travail des femmes aux machines et de sa répercussion sur la santé des travailleuses”
Après la guerre, André Glorieux, secrétaire général de la région, résume ainsi la position de l’organisation syndicale : « Les temps actuels sont si pénibles que nous voyons des mamans ouvrières retourner à l’usine pour permettre, par leur salaire, de faire face aux dépenses du foyer… Nous devons déclarer que ceci constitue un véritable scandale de notre époque dû sans doute à notre situation économique et à notre régime matérialiste ».
En 1964, la position de l’organisation est expliquée par René Mathevet du bureau confédéral : « Il faut, par une prestation spécifique, permettre à la mère de famille le choix entre le travail au foyer et le travail à l’extérieur. On doit s’efforcer, tout en respectant le libre choix de la femme pour un travail au foyer ou à l’usine, d’ordonner une société qui permette le respect de ces valeurs personnelles et familiales ».
Puis arrivent les années 1970
Le discours CFDT sur la famille suit l’évolution de la société marquée par 3 éléments : l’individualisation, la privatisation, la pluralisation. Désormais la CFDT insiste sur « la liberté de procréer, d’en choisir les échéances et la liberté de fonder une famille, d’en choisir la forme, sur l’enfant base de la politique familiale, sur la responsabilité parentale partagée, permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle pour les deux parents… autant de thèmes et de revendications toujours d’actualité.